À la veille de la Révolution, la carte Cassini d’Audierne ne mentionne pas d’arbres sur la zone ; quant au cadastre napoléonien, établi de manière plus précise en 1837, il fait état d’une colline aux pentes largement couvertes de landes.
Ce premier cadastre répertorie seulement un petit « taillis » au sud (parcelle 711) et deux « futaies » à l’est (parcelles 763 et 773).
Les cartes postales des années 1880 à 1920 témoignent, par la suite, du peu d’arbres pendant pratiquement un siècle. Pour autant le panorama du Roz Kriben(1), depuis les quais, se transforme.
Ainsi, le moulin a cessé son activité et, au début des années 1890, l’école et la gare sont construites à la base de la colline tandis que les quais sont élargis au niveau de la place qui est alors dotée d’un bureau du port.
Ce n’est probablement que peu avant la Seconde Guerre que les jardins et futaies croissent pour donner aux coteaux leur actuel aspect verdoyant et arboré.
Les années 1880-90 une vue dégagée sur l’entrée du Goyen et la ville depuis le Roz Kriben.
Les cartes postales des frères Neurdein (34 et 143) témoignent de la présence de la lande et des quelques pins sur les coteaux du Roz. L’une d’elles n’est pas sans évoquer le tableau de Fernand Le Gout-Gérard exposé au Salon de Paris de 1906 et édité en carte postale par cette même société Neurdein.
Sur la « Vue générale n°143 », on aperçoit à l’arrière-plan, sur les quais, la mairie-école située dans la maison Broquet qui jouxte la cour de récréation, entourée de hauts murs, située à l’emplacement de l’actuelle mairie. Cela permet de dater la prise de vue entre la création de la cour en 1874 et la construction d’une nouvelle mairie en 1894.
Les années 1890
La carte « Villard 3883 » témoigne de la persistance de la lande dans les années 1895-1900 (la nouvelle mairie construite en bordure des quais en 1894 est visible à l’arrière-plan).
La carte « Artaud et Nozais n°18 » offre une vue du port sous un angle presque similaire mais une parcelle semble plantée de céréales. Elle pourrait correspondre à l’une des parcelles, considérées comme cultivables sur le cadastre napoléonien, situées en bordure d’un chemin à mi-pente (l’actuelle venelle Jadé).
Le Roz vu des quais à la fin du XIXe
La tour du moulin surmonte toujours le Roz.
Sur la carte « GID » on voit à droite le grand bâtiment de l’école, construite en 1892, le long des quais (au-dessus de l’actuel quai Anatole France). À sa gauche l’annexe de l’Hôtel de France n’est pas encore en construction.
La carte « Andrieu 919 », prise dans les années 1900 - 1903, offre une vue rapprochée de la place qui a été élargie en 1895 et comporte désormais le kiosque du bureau du port.
En cette charnière du XIXe au XXe, le Roz demeure très dénudé sur les deux vues prises depuis le port. Il en est de même de la vue depuis Plouhinec prise en amont du pont métallique construit en 1882.
Sur la carte d'Andrieu n°851, correspondant à une photo réalisée entre 1900 – 1903 et celle de Villard n°5500, on voit la voie ferrée établie en 1894 pour « le Youtar » reliant Douarnenez.
Des détails des cartes précédentes, témoignent des creusements des coteaux ayant contribué dans les années 1890 à la réalisation de la terrasse sur laquelle est bâtie l'école (au sud) et du premier remblai du Stum (à l'est) pour la mise en place de la route, la voie ferrée et la gare.
La carte "Villard, n°5500" est très lisible par rapport à cette transformation des coteaux et 3 grossissements des autres cartes mettent, ci-dessous, bien en évidence les creusements de la colline au-dessus de l'école et la gare, à la fin du XIXe.
Le XXe siècle et le développement de la couverture arborée du Roz.
Sur les trois cartes, du diaporama ci-dessous, éditées par Lévy, Villard et Neurdein, on voit l’annexe de l’Hôtel de France (probablement lors de la fin des travaux en 1904-1905 sur la carte de Lévy "Audierne- Jour de marché") … mais les coteaux du Roz ne portent toujours que quelques pins.
Sur la carte « Neurdein ND 13 », ci-dessous, on voit à droite la gare et la voie ferrée du « Youtar ». Les constructions sont peut-être un peu plus développées que sur la carte « Andrieu 851 » de 1900, la lande semble commencer à recoloniser la partie haute du coteau, arasé lors des travaux de remblai pour la route et la gare, mais la voie ferrée est encore étroite. Elle ne sera élargie qu’en 1914 pour la mise en place des voies reliant Pont-l’Abbé par « le train carottes ».
Cette photo est prise sous le même angle que la carte « Neurdein 13 » mais postérieurement, après le remplacement, en 1927, du pont métallique par le premier pont en béton.
Le nombre de voies ferrées au niveau de la gare est accru, de même que les constructions le long de l’actuel quai Anatole France, mais surtout les arbres sont désormais abondants sur le Roz Kriben.
Ce développement de la végétation a probablement lieu dès le début des années 1930.
Sur la carte ci-dessus éditée par Briand dans les années 1950 à partir d’une photo des années 1930-1940, la végétation est peut-être un peu moins développée que sur la carte « Gaby 14 » ci-contre, oblitérée de 1938. La marque Gaby est créée en 1934 par la société Artaud mais la photo peut être légèrement antérieure.
De manière convergente les cartes postales d'Audierne n° 10 à 15 de la Compagnie des Arts Photomécaniques (CAP), diaporama ci-dessous, témoignent d'une couverture arborée partielle, développée du sommet à l'est du Roz ; les vues des cartes n° 14 et 15 peuvent être datées entre 1927 et 1932 du fait de la présence du pont en béton.
Les années 1950 - 60, les pins croissent, de même que les futaies à flanc de coteaux.
Les arbres dominent l’ancienne école Pierre Le Lec sur toutes les cartes du diaporama ci-dessus, y compris la carte colorisée des éditions des « Tirages modernes ».
Le bâtiment principal de l’école sera transformé après une destruction accidentelle partielle en 1968.
Les deux ailes (garçons et filles) du bâtiment de l’école sont désormais dominées par des bosquets fournis bien visibles sur la carte aérienne Gaby des éditions Artaud prise après le démontages des voies ferrées de la gare.
L’Enez Sun I (1938-1962) est visible à quai sur la carte « Yvon ».
Le navire au ponton de Poulgoazec porte encore une immatriculation maritime en « Au », remplacée en 1975 par l’indicatif « AD » sur la carte « Jean ».
Sur la carte postale « Jean », ci-dessus, le « Louison Bobet » (1956-1964) est à quai. Trois bateaux, dont « Le Stalingrad » (1952-1972), lui sont amarrés. L’on aperçoit à l’arrière-plan, à côté de l’ancienne annexe de l’Hôtel de France devenu « le Cornouaille » depuis 1949, le garage (et son panneau « Shell ») où prendra place par la suite, entre autres, l’actuelle Maison de la Presse.
Les années 1970, le Roz Kriben a désormais son aspect arbustif contemporain.
L’actuel bâtiment de l’école Pierre Le Lec est visible au pied de coteaux arborés.
La prise de vue de la carte « Jean » est effectuée avant l’installation en 1977 de l’actuelle Maison de la Presse, dans l’ancien garage dont on aperçoit encore le panneau « Shell » au-dessus des portes closes.
Sur la carte des éditions YCA, le thonier « Saint They » (1959-1974) est à quai et l’on peut apercevoir à l’arrière-plan à gauche le bâtiment des Halles construit en 1974-75 ce qui situe la prise de vue dans ces deux années.
Sur cette dernière carte de « Jos » , plus récente que les précédentes, le garage à droite du « Cornouaille » a disparu au profit de boutiques en rez-de-chaussée.
À quai, on peut distinguer le petit canot « Pierre Marcel » au 3e rang.
Il fut désarmé en 1991 et est aujourd’hui visible, repeint en bleu, dans le jardin devant l’Aqua Show.
(1) Selon les documents consultés la colline située au nord du port d'Audierne, ou plus exactement son éperon terminal est désigné par les termes "la montagne", "ros criben" (dans le cadastre napoléonien), "roz criben" (dans plusieurs documents postérieurs adoptant la graphie britonnique "roz") ou "roz kriben" qui signifie "la crête de la colline" en breton.
Nous avons adopté ici cette transcription mais il convient de rappeler que l'ensemble de la crête comporte des vestiges mégalithiques d'occupations multimillénaires antérieures.
Quelques éléments mobiliers funéraires décrits lors de fouilles de Le Carguet et de Le Chatellier, de la fin du XIXe au début du XXe, ont été préservés au Musée d'Archéologie Nationale. Par contre, à l'exception d'un fragment de l'une des dalles d'allée couverte, les structures mégalithiques ont été remployées localement, y compris après leur recensement, en dépit des lois de 1887 et 1941, voire des lois plus récentes pour les dernières destructions.
Blog réalisé à l'occasion de l'exposition Aphilacart avril-mai 2023 à Plouhinec.
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